L’autocompassion, à la base de la guérison

Self-compassionate man with dog

L’autocompassion a suscité un intérêt croissant au cours des dernières années. Et lorsqu’il s’agit de modifier votre relation avec les substances, on ne peut sous-estimer la valeur et les pratiques de l’autocompassion. En réalité, vous ne pouvez pas susciter un changement par la culpabilité. Vous pouvez peut-être vous forcer à modifier temporairement votre comportement en vous critiquant, mais un changement durable nécessite une base entièrement différente. La transformation se produit lorsque vous pouvez vous accepter avec une compassion sincère.  

La chercheuse Kristin Neff décrit l’autocompassion comme comportant trois éléments fondamentaux : la bienveillance envers soi-même, la reconnaissance de l’humanité commune et la pleine conscience. Ces outils peuvent radicalement changer la façon dont vous tentez de changer votre relation avec les substances. 

Pourquoi l’autocompassion est cruciale pour prendre soin de soi 

Si vous cherchez à changer votre relation avec les substances, l’autocompassion est essentielle, rien de moins! La stigmatisation et la honte associées à la consommation de substances peuvent influencer votre perception des difficultés que vous rencontrez. De ce point de vue, vous risquez de vous juger, plutôt que de considérer vos difficultés comme une expérience humaine. Dans mon travail, je rencontre souvent des personnes qui résistent à l’autocompassion parce qu’elles ont l’impression que cette approche n’est pas assez axée sur la responsabilisation.  

La bienveillance envers soi-même et la pleine conscience ne signifient pas que vous fuyez vos responsabilités ou que vous cherchez des excuses. Ces pratiques créent au contraire la sécurité intérieure nécessaire à un changement durable. Que vous cherchiez à vous abstenir complètement ou à changer votre relation avec les substances, la culpabilité n’est pas la solution. Des recherches ont démontré que l’autocritique active notre système de réponse au stress, nous inondant d’hormones de stress qui nuisent en réalité à notre prise de décision. En revanche, l’autocompassion jette les bases de la régulation émotionnelle et de la résilience nécessaires à un changement durable. 

Et si c’était votre enfant? 

Imaginez ceci : votre enfant vous avoue qu’il a des difficultés en lecture. Il vous dit qu’il a du mal à se concentrer avec toutes les distractions qui l’entourent, puis, d’une voix tremblante, il ajoute Je suis tellement stupide. Je n’arrive toujours pas à m’asseoir et à lire. À partir de maintenant, je vais me forcer à lire deux chapitres par jour et si je n’y arrive pas, cela prouvera simplement que je ne suis pas intelligent. Le problème ici n’est pas l’objectif en soi, mais la critique sévère qui se cache derrière. 

Si vous entendiez votre enfant parler ainsi, vous ne seriez probablement pas d’accord avec son approche. Vous le réconforteriez probablement et lui rappelleriez que l’apprentissage prend du temps, qu’il en est capable et qu’être bienveillant envers lui-même l’aidera davantage que cette honte qu’il s’inflige. Il en va de même pour vous et les changements que vous essayez d’apporter. La compassion que vous offrez naturellement à un proche est la même que celle que vous méritez de vous offrir à vous-même. 

Sécurité psychologique et résilience 

Aborder notre propre personne avec compassion plutôt qu’avec jugement crée la sécurité nécessaire pour être honnête au sujet de nos difficultés. Si chaque défi que nous relevons est accueilli par une autocritique sévère, nous apprenons à cacher, minimiser ou nier nos difficultés. Nous incarnons la honte et agissons en conséquence. L’autocompassion crée un espace propice à une réflexion honnête, qui nous aide à considérer les défis comme des occasions d’apprentissage. Adopter cette perspective renforce la résilience et permet de continuer à persévérer après des moments difficiles au lieu de sombrer dans l’auto-accusation. 

À un niveau plus profond, l’autocompassion peut aider à guérir les blessures qui alimentent souvent la consommation de substances. Les sentiments d’indignité ou de honte sont ancrés dans l’autocritique et sont précisément ce qui perpétue le cycle de consommation de substances. Apprendre à se traiter avec bienveillance et à s’accepter sans condition peut soulager la douleur que les substances avaient autrefois engourdie. 

Réduire la honte et accroître la compassion 

La honte et la culpabilité sont peut-être les obstacles les plus difficiles à surmonter pour changer notre relation avec les substances. Alors que la culpabilité dit J’ai pris une mauvaise décision, la honte dit Je suis mauvais. Cette distinction est extrêmement importante, et être capable d’identifier ces états peut aider à ouvrir la voie à la compassion. Voici quelques moyens d’être plus en phase avec la manière de réduire notre autocritique : 

  • Reconnaître la voix de son critique intérieur : La première étape pour réduire l’autocritique consiste à apprendre à la reconnaître. Remarquez la voix qui dit des choses comme J’échoue toujours ou Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi. Savoir reconnaître ce genre de discours aide à créer une distance et vous rappelle que ces pensées ne sont qu’une partie de votre expérience, et non la vérité entière sur qui vous êtes. 
  • Recadrez l’échec comme un apprentissage : Si vous remarquez que vous retombez dans vos anciennes habitudes, essayez de voir cela comme une occasion d’apprendre ce qui nécessite encore de l’attention ou de la compréhension. Demandez-vous quelles émotions étaient présentes, ce qui a déclenché cette envie et quel soutien pourrait vous aider la prochaine fois.  Avec un peu de curiosité, vous pouvez transformer les revers en occasions d’apprentissage. 
  • Séparez le comportement de l’identité : Les mots que nous utilisons peuvent façonner notre perception de nous-mêmes. Vous n’êtes pas défini par votre consommation de substances. Au lieu de vous étiqueter en fonction de vos difficultés, essayez de les recadrer. Il est plus compatissant et valorisant de dire Je travaille sur ma relation avec l’alcool plutôt que Je suis une mauvaise personne. 
  • Célébrez les petits moments de pleine conscience : Peut-être que chaque fois que vous faites une pause avant de réagir, que vous choisissez l’honnêteté ou que vous vous parlez gentiment, vous créez une prise de conscience. La compassion ne se développe pas par la perfection, mais bien en remarquant les progrès. 
  • Cherchez à créer des liens au sein d’une communauté : Nous nous épanouissons grâce aux liens que nous tissons, et non en nous isolant. S’entourer de personnes qui vous voient tel que vous êtes réellement aide à améliorer la perception de soi. Les groupes de soutien, la thérapie et les relations bienveillantes facilitent souvent l’autocompassion.
  • Renouez avec vos valeurs : Vos valeurs vous rappellent qui vous êtes et qui vous souhaitez devenir. Prenez le temps de réfléchir à ce qui compte le plus pour vous et rappelez-vous que ces valeurs sont toujours présentes en vous, même si la consommation de substances vous en a temporairement éloigné.

La compassion comme pratique quotidienne 

Changer sa relation avec les substances grâce à l’autocompassion fonde la base d’une transformation durable. Si l’autocritique peut apporter un sentiment temporaire de contrôle, elle permet rarement de maintenir un changement significatif.

En revanche, l’autocompassion renforce la sécurité, l’honnêteté et la résilience nécessaires à l’épanouissement. Essayez de vous parler avec la même douceur, la même curiosité et la même attention que vous le feriez à un enfant que vous aimez, car c’est là que commence la véritable guérison. La sécurité, la proximité, la gentillesse et la compréhension créent les conditions nécessaires pour naviguer dans le travail vulnérable du changement.

Grâce à une pratique quotidienne, la compassion devient un muscle sur lequel vous pouvez compter dans les moments difficiles. Et n’oubliez pas que vous n’avez pas à faire cela seul. La compassion s’épanouit au sein d’une communauté. En apportant du soutien et en recevant le soutien d’autres personnes qui partagent vos valeurs et vos objectifs, vous renforcez à la fois votre guérison et votre sentiment d’appartenance.

ALAViDAConsommation de substances, un produit de LifeSpeakinc., est là pour vous aider à changer votre relation avec les substances. Le SENTiER regorge de conseils utiles à explorer. Où que vous en soyez dans votre parcours, nous vous proposons toute une gamme d’options de soutien pour vous aider à apporter des changements significatifs et positifs. Accédez à ce lien pour en savoir plus.


À propos de l’auteure : 

Brianne est conseillère canadienne agréée en dépendance, conseillère professionnelle agréée (candidate) et professionnelle agréée en traumatologie. Elle est membre de la Fédération canadienne d’agrément des conseillers en toxicomanie et de l’association canadienne de counseling professionnel. Depuis plus de dix ans, elle se consacre à la formation et au soutien individuel et familial dans les secteurs privé et public. Brianne apporte une approche holistique unique à la compréhension et au traitement des comportements liés à la consommation de substances psychoactives.