Les problèmes liés au jeu : en comprendre les facteurs et trouver des solutions

Par Terri-Lynn MacKay, Ph. D., psychologue agréée et directrice de la santé mentale à ALAViDA Consommation de substances, un produit de LifeSpeak inc.

Le jeu de hasard peut être un passe-temps agréable, mais pour certaines personnes, il peut entraîner de sérieux problèmes qui affectent leur bien-être ainsi que celui de leur entourage. 

Auparavant, la seule façon dont on pouvait participer à des jeux de hasard était en sortant de chez soi. De nos jours, on peut le faire aisément par l’entremise de notre téléphone, tablette ou ordinateur portatif depuis n’importe où, même au travail, en mangeant, en nous reposant ou dans les transports. Maintenant que l’accès est plus facile, arrêter peut être plus difficile que jamais. 

Comprendre les facteurs contributifs à l’apparition de problèmes de jeu peut aider à trouver des solutions efficaces. Nous explorerons les divers facteurs liés aux problèmes de jeu, notamment les fausses croyances qui mènent aux comportements de dépendance, et nous présenterons certaines stratégies de réduction des méfaits pour soutenir les personnes qui font face à ce défi.

Les facteurs qui mènent aux problèmes de jeu 

Les problèmes de jeu s’installent en raison d’une interaction complexe entre différents facteurs.  

La génétique pourrait jouer un rôle, parce que nous savons que les tendances à la dépendance se répandent dans les familles. Des changements dans le circuit de la récompense du cerveau peuvent mener à l’accoutumance, c’est-à-dire que la personne a besoin de jouer plus fréquemment ou en misant davantage pour ressentir le même sentiment d’excitation. 

Les gens qui ont vécu des expériences négatives de l’enfance ou des traumatismes sont plus à risque d’adopter des comportements de dépendance, dont le jeu. La présence d’autres conditions de santé mentale comme la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou un trouble lié à la consommation de substances peut augmenter la susceptibilité de développer un problème de jeu.  

Certains traits caractéristiques comme avoir gagné à un jeune âge, jouer à des jeux qui apportent des récompenses immédiates, être de sexe masculin, avoir des tendances impulsives, être célibataire et avoir près de 40 ans (il s’agit de l’âge moyen autour duquel les gens développent un problème de jeu compulsif) peuvent aussi augmenter le risque de développer un problème de jeu. Il importe de souligner que bien que ces facteurs soient associés aux problèmes de jeu, ils n’en sont pas la cause.

Les fausses croyances et les distorsions cognitives  

Les distorsions cognitives, aussi appelées fausses croyances, sont des préjugés qui influencent la façon dont les gens perçoivent et interprètent l’information. Voici des distorsions cognitives courantes liées au jeu : 

  • L’illusion de contrôle : surestimer son influence sur des résultats incontrôlables, comme croire que l’on peut prédire l’équipe gagnante d’un évènement sportif. 
  • L’erreur du parieur ou sophisme du joueur : croire que les échecs passés augmentent les chances d’une victoire future. 
  • Les corrélations illusoires : faire de fausses associations entre des évènements, des comportements et des résultats, comme croire qu’une action en particulier garantit une victoire. 
  • La personnification des appareils de jeu : assigner des qualités typiquement humaines à des objets inanimés, comme croire qu’un changement de stratégie peut nous rendre « plus malins » que la machine. 
  • L’impression de quasi-gain : croire que d’avoir « presque gagné » augmente ses chances de gagner la prochaine fois.

Les personnes ayant des problèmes de jeu sont plus susceptibles d’afficher ces distorsions cognitives. Reconnaitre les conséquences des pensées sur les comportements constitue une bonne première étape dans la mise en place d’habitudes de jeu plus saines.

Le diagnostic d’un problème de jeu 

Le diagnostic d’un « trouble lié au jeu d’argent » se fonde sur des critères précis décrits dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Les indicateurs principaux comprennent : 

  • L’accoutumance : Besoin de jouer avec des sommes d’argent croissantes pour atteindre l’état d’excitation désiré.
  • Symptômes de sevrage : Agitation ou irritabilité lors des tentatives de réduction ou d’arrêt de la pratique du jeu. 
  • Manque de contrôle : Efforts répétés, mais infructueux pour contrôler, réduire ou arrêter la pratique du jeu. 
  • Préoccupation par le jeu : Préoccupation par la remémoration d’expériences de jeu passées ou par la prévision de tentatives prochaines, ou par les moyens de se procurer de l’argent pour jouer. 
  • Recours au jeu comme moyen de réguler ses émotions : Joue souvent lors des sentiments de souffrance/mal-être. 
  • Chercher à recouvrer ses pertes : Après avoir perdu de l’argent au jeu, retourne souvent jouer un autre jour pour recouvrer ses pertes (pour « se refaire »). 
  • Mentir au sujet du jeu : Ment pour dissimuler l’ampleur réelle de ses habitudes de jeu. 
  • Emprunter de l’argent pour jouer : Compte sur les autres pour obtenir de l’argent et se sortir de situations financières désespérées dues au jeu. 
  • Le jeu fait obstacle à la vie quotidienne : Vit des problèmes dans sa vie personnelle ou professionnelle en raison du jeu.

Si votre comportement compulsif de jeu ou celui d’une autre personne vous préoccupe, aller chercher de l’aide sous forme de ressources en ligne, d’organisations de soutien par les pairs ou de soutien par un professionnel qualifié peut vous aider à changer la donne. Vous trouverez également du soutien auprès d’ALAViDA Consommation de substances, un produit de LifeSpeak inc.

Stratégies de réduction des méfaits 

Vous n’êtes peut-être pas encore prêt à arrêter de jouer, et ce n’est pas grave. À la place, une approche de réduction des méfaits vous aide à acquérir un ensemble d’outils pour réduire les conséquences négatives de ce comportement ou vous en protéger. Songez à ces stratégies : 

  • Se fixer des limites : Établissez des limites de temps et d’argent quant aux activités de jeu. 
  • Faire le suivi de ses comportements : Permettez la prise de conscience et la responsabilisation en suivant vos habitudes de jeu au fil du temps. 
  • Limiter son accès à l’argent : Réduisez vos décisions impulsives en limitant votre accès à des fonds pour jouer. 
  • Éviter l’alcool : Abstenez-vous de consommer de l’alcool en jouant, car votre jugement peut être altéré. 
  • Choisir des activités à pauvres récompenses : Choisissez des jeux sans récompenses immédiates (des terminaux de loterie, par exemple). 
  • Changer de mentalité : Voyez l’argent de jeu comme une dépense de divertissement plutôt que de vous concentrer uniquement sur le gain. 
  • Incarner ses valeurs : Réfléchissez à vos valeurs personnelles avant de jouer afin de prendre des décisions qui respectent ces valeurs. 
  • Surfer sur la vague : Reportez le jeu quand vous sentez une envie irrépressible de jouer afin de réduire vos comportements impulsifs. 
  • Se rappeler les conséquences : Souvenez-vous clairement des conséquences négatives d’expériences de jeu passées. 

Soutenir ses proches  

Soutenir quelqu’un aux prises avec un trouble lié au jeu d’argent peut s’avérer un défi, mais cela n’a pas à être accablant. L’approche CRAFT (le soutien communautaire et la formation familiale) est une méthode bien documentée pour aider à soutenir un proche qui lutte contre un comportement de dépendance. Voici des stratégies de l’approche CRAFT : 

  • Comprendre son comportement : Cherchez à comprendre la fonction du comportement de jeu d’argent de votre proche quant à la gestion de ses émotions. 
  • Augmenter les interactions positives : Participez à des interactions positives lorsqu’il ne joue pas et évitez les interactions négatives lorsqu’il est en train de jouer ou planifie de le faire. 
  • Employer la communication positive : Apprenez des manières respectueuses d’exprimer vos besoins sans jeter le blâme sur votre proche. 
  • Permettre les conséquences naturelles : Évitez, dans la mesure du possible, de protéger votre proche des méfaits du jeu. 

Soutenir quelqu’un ayant un problème de jeu est plus efficace lorsque vous prenez aussi soin de vous-mêmes. Fixez-vous des limites, demandez du soutien à des amis compréhensifs ou à un groupe de soutien, et envisagez le recours à de l’aide professionnelle au besoin. 

Comprendre les facteurs qui contribuent aux problèmes de jeu peut vous aider à soutenir votre proche. L’empathie et la compassion jouent un rôle crucial lorsqu’il s’agit d’aider des proches à surmonter leurs défis en lien avec le jeu. 

Changer votre relation au jeu n’a pas à être une situation que vous traversez seul.  

ALAViDA peut vous aider. Nos modules de thérapie cognitivo-comportementale sur Internet (TCCi) sont l’une de nos principales options de soutien, ainsi que notre service facultatif d’accompagnement de groupe et nos outils de suivi sur la plateforme du SENTiER.  

Prêt à en apprendre davantage? Tous les membres du RAEO, y compris les clients du RAER, des régimes habitation/auto et de l’assurance vie, ont un accès gratuit au SENTiER d’ALAViDA. 


À propos de l’auteure

La Dre Terri-Lynn MacKay, psychologue agréée, est directrice de la santé mentale à ALAViDA Consommation de substances, un produit de LifeSpeak inc. Elle dirige une équipe qui fournit aux membres des soins fondés sur des données probantes avec compassion et sans jugement. Par le passé, la Dre MacKay a occupé le poste de directrice de l’exploitation du volet de la santé mentale dans la lutte canadienne contre la pandémie, de directrice associée des services de consultation de l’Université de la Colombie-Britannique, de professeure agrégée de l’Université du Nevada, à Las Vegas, et de directrice provinciale de l’innovation et des partenariats de l’Association canadienne pour la santé mentale. Elle est titulaire d’un doctorat en psychologie clinique et d’une maîtrise en neurosciences du comportement.