Parler à votre adolescent de la consommation de substances psychoactives 

C’est peut-être l’une des conversations les plus importantes que vous aurez avec lui.    

Selon le livre Brainstorm: The Power and Purpose of the Teenage Brain du Dr Daniel Siegel, le cerveau des adolescents subit quatre changements profonds pendant l’adolescence : la recherche de nouveauté, l’engagement social, l’intensité émotionnelle accrue et l’exploration créative. Au moins trois de ces changements peuvent conduire au désir d’expérimenter ou de consommer régulièrement des substances. Il est donc important de tenir compte de ce que les adolescents peuvent vivre lorsque vous avez des conversations avec eux sur la consommation de substances.   

Votre adolescent semble-t-il stressé? Émotif? Plein d’hormones? En colère? Obsédé par le fait de sauver les apparences et de posséder les appareils à la fine pointe? Inquiet à propos de ses notes et de ce qu’il fera après l’obtention de son diplôme? Ce ne sont là que quelques-uns des stress auxquels les adolescents sont confrontés chaque jour. Sans oublier :    

  • Impression de pression pour paraître ou s’habiller d’une certaine façon, y compris le « besoin » de se présenter d’une certaine façon sur les médias sociaux    
  • Soucis d’image corporelle et d’estime de soi    
  • Les changements physiologiques et psychologiques (y compris les changements hormonaux, les premières amours, les ruptures amoureuses)    
  • Le stress lié à l’équilibre entre le travail scolaire, les amis, les activités parascolaires et la vie familiale.   
  • La question des identités : sociale, culturelle, religieuse, sexuelle, de genre   
  • L’intimidation ou la pression des pairs  

Cela s’ajoute à toutes les expériences difficiles vécues avant (ou pendant) l’adolescence, comme le décès d’un être cher ou tout autre traumatisme. Et si votre adolescent est confronté à des défis physiques, mentaux ou émotionnels supplémentaires, cela augmente également la probabilité qu’il veuille faire l’essai de substances, et potentiellement la probabilité de défis liés à la consommation de substances ultérieurement.   

En bref, ce n’est pas facile d’être un adolescent, et de nombreux chemins mènent à l’expérimentation de la consommation de substances.    

Quand parler à votre adolescent de la consommation de substances psychoactives 

La réponse est simple : le plus tôt est le mieux, et lorsque vous serez tous deux dans un état d’esprit calme et un environnement sûr. Il y a de fortes chances que votre adolescent ait déjà expérimenté des substances ou qu’il envisage de le faire. Selon le plus récent Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario :     

  • La plupart des élèves affirment que l’alcool, les cigarettes et le cannabis sont faciles à obtenir.    
  • Environ un élève sur sept (15 %) au secondaire et 22 % des élèves de 12e année déclarent consommer de l’alcool de façon dangereuse ou nocive (selon le test normalisé Alcohol Use Disorders Identification Test, AUDIT).   
  • Environ un élève sur cinq (22 %) de la 7e à la 12e année déclare avoir consommé du cannabis au cours de l’année écoulée, et environ 2 % déclarent en consommer quotidiennement.    
  • Un élève sur dix (11 %) de la 7e à la 12e année déclare avoir utilisé un analgésique opioïde sans ordonnance au cours de la dernière année.  

L’importance de l’orientation parentale en matière de consommation de substances psychoactives chez les adolescents   

Alors que les adolescents commencent souvent à se détacher de leurs parents à mesure qu’ils avancent vers l’âge adulte, il peut être facile de prendre leur rébellion à cœur. Le stress, la puberté, les hormones, et autres, peuvent souvent entraîner des tensions entre parents et adolescents. S’il est important de discuter de la consommation de substances psychoactives avec les adolescents, il est préférable de le faire dans le cadre d’une discussion, plutôt que d’un sermon, et ce, dans un environnement calme. Si vous constatez que votre adolescent est sous l’emprise de substances, il est préférable de reporter la conversation au moment où il sera sobre. Si tel est le cas, exprimer sa colère, sa frustration ou fixer des limites strictes avec lui (pas d’alcool tant que tu es sous mon toit!) est contre-productif et peut le pousser à vouloir se rebeller.       

Offrez à votre adolescent un espace sûr pour partager, que ce soit pour reconnaître s’il a consommé des substances, s’il prévoit de le faire ou s’il est curieux de le faire. Il est vital de garder les portes ouvertes de cette façon, ce qui est essentiel pour aider votre adolescent à adopter des comportements à moindre risque, dont nous parlerons, comme la conduite avec facultés affaiblies.     

Réduction des risques et planification de la sécurité avec votre adolescent   

Dire non à « L’alcool ou la drogue au volant, c’est criminel ». S’éloigner des règles de ˈtolérance zéroˈ et ˈd’abstinence seulementˈ.     

« Dites non à la drogue », « Dites simplement non » et « Ne prenez pas de drogue »; voilà quelques-uns des messages que vous avez peut-être entendus au fil des ans, mais au cours des dernières décennies, des études ont démontré que les messages axés uniquement sur l’abstinence ne constituent pas la meilleure approche pour parler aux adolescents de la consommation de substances. Cela établit un parallèle avec l’éducation sexuelle pour les adolescents, où la recherche démontre que l’éducation basée uniquement sur l’abstinence augmente en fait les taux d’ITS et de grossesses chez les adolescentes.    

Selon une étude de l’UBC, les messages de tolérance zéro sont ignorés par la plupart des adolescents, car ils ne correspondent pas à la réalité de leur vie. L’étude menée par Emily Jenkins, professeure en soins infirmiers à l’UBC, et ses collègues ont interrogé 83 adolescents de la Colombie-Britannique. Les résultats indiquent que les adolescents sont plus attirés par le message de réduction des risques que par le traditionnel conseil de ne pas consommer de substances, c.-à-d., ne prenez pas de drogues.     

Parler de la réduction des risques et du plan de sécurité avec votre adolescent 

Une approche de l’éducation antidrogue basée uniquement sur l’abstinence décourage les adolescents de consommer de l’alcool et d’autres drogues. Une approche de réduction des risques, en revanche, enseigne aux adolescents comment assurer leur sécurité et celle de leurs amis lorsqu’ils consomment ou font l’essai de substances.    

Par exemple, une approche axée uniquement sur l’abstinence pourrait dire « ne touche pas aux drogues, tu pourrais faire une surdose! ». Ce message peut sembler alarmiste et ne pas trouver éveiller l’intérêt des adolescents.     

Une approche de réduction des risques pour ce scénario consisterait à éduquer les adolescents sur les risques liés aux différentes substances, ainsi que sur la manière de reconnaître les signes d’alerte et d’obtenir de l’aide s’ils pensent que quelqu’un fait une surdose ou souffre d’empoisonnement à l’alcool.       

Il est important de noter que la réduction des risques n’est pas une approche qui encourage la consommation de substances, mais plutôt une approche axée sur la sécurité qui dote les gens de compétences et d’informations essentielles. Dans certains cas, le fait de disposer de toutes les informations pourrait décourager complètement la consommation de substances.      

Parlons de la réduction des risquerisques du point de vue d’un adolescent. Votre adolescent peut associer l’idée de réduction des risques aux drogues dures et aux échanges de seringues, mais la réduction des risques, c’est bien plus que cela. Voici quelques exemples de conseils de réduction des risquerisques dont vous pouvez discuter avec votre adolescent :       

  • Dans la mesure du possible, l’adolescent doit choisir de consommer dans un environnement sûr avec des amis de confiance.    
  • Si l’adolescent doit choisir entre des substances contrôlées comme l’alcool ou le cannabis provenant de sources réputées et des drogues illicites, il est probablement moins risqué d’opter pour les substances contrôlées.
  • L’adolescent doit apprendre les avantages de se ménager. Par exemple, lorsqu’il boit, il ne doit pas le faire l’estomac vide et doit boire un verre d’eau tous les deux verres. Découvrez les directives de consommation d’alcool à moindre risque ici.
  • L’adolescent ne doit pas mélanger les substances. S’en tenir à une seule substance permet de réduire les risques d’effets secondaires potentiels. Il est également important de rechercher les interactions médicamenteuses possibles si une personne prend des médicaments. Par exemple, les antidépresseurs peuvent intensifier les effets de certaines drogues, tandis que les drogues peuvent réduire l’efficacité des antidépresseurs. Les adolescents peuvent se renseigner sur les interactions médicamenteuses potentielles sur le site développé par les jeunes.     
  • L’adolescent doit prendre conscience du tabagisme et du vapotage. Bien que le tabagisme et le vapotage ne soient pas toujours inclus dans les discussions sur la consommation de substances, ils comportent un ensemble unique de risques. Et si les taux de tabagisme chez les adolescents sont en baisse, les taux de vapotage sont plus élevés que jamais entre la nicotine et l’huile de cannabis. Et comme le vapotage est encore relativement nouveau, il existe peu de recherches sur ses effets à long terme sur la santé, mais il est prouvé qu’il a un effet négatif sur les poumons.     

Planification de la sécurité  

Aider les adolescents à rester en sécurité est l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire pour eux. Que votre adolescent consomme des substances pour gérer le stress, céder à la pression de leurs pairs, explorer de nouvelles sensations ou autre, il est bon de l’aider à élaborer un plan de sécurité général pour minimiser les risques. Voici quelques exemples :      

  • Reconnaître que la consommation d’alcool ou de substances peut réduire considérablement les inhibitions et le contrôle des impulsions. Encourager le système de pairage et éviter d’aller n’importe où seul ou avec un étranger lorsque l’on a consommé de l’alcool ou de la drogue.       
  • Toujours prévoir un moyen de transport sûr pour rentrer chez soi et refuser de se faire raccompagner par des amis ayant consommé de l’alcool ou de la droque. L’adolescent n’aura peut-être pas envie d’appeler ses parents ou de faire du covoiturage ou de prendre un taxi, mais c’est toujours la meilleure option lorsque l’on consomme des substances.    
  • Garder un téléphone chargé à portée de main au cas où l’on aurait besoin d’appeler un taxi, de demander de l’aide ou de se faire aider à sortir d’une situation délicate.
  • Être préparé, même si l’adolescent ne prévoit pas avoir de relations sexuelles, il est utile d’avoir des préservatifs sur soi et de savoir comment prévenir les ITS et toute grossesse. À ce propos, encourager l’adolescent à explorer ses limites et à se renseigner sur le consentement tout en étant sobre, afin de mieux communiquer lorsqu’il a consommé des substances et envisage d’avoir une relation sexuelle.
  • Ne jamais accepter de boisson de la part d’inconnus et ne jamais consommer sa boisson après l’avoir laissée sans surveillance, au cas où quelqu’un y aurait déposé de la drogue du viol comme le Flunitrazépam, du GHB, de la kétamine ou de l’ecstasy.
  • Les germes s’attrapent facilement. En partageant des boissons ou autres, l’adolescent doit être conscient de ce qu’il pourrait absorber ou transmettre. Il peut être difficile d’apprendre à ses dépens que les rhumes, les virus et les feux sauvages peuvent être transmis de cette façon. Il doit éviter de partager un verre et s’il partage un joint ou autre, il doit utiliser ses doigts comme filtre plutôt que d’inhaler directement le joint.     

Examiner les troubles liés à la santé mentale et à la consommation de substances  

Le plus important est que les adolescents doivent prendre conscience des risques liés aux différentes drogues, y compris les effets potentiels des drogues et de l’alcool sur le cerveau en développement des adolescents. Il est également prouvé qu’une consommation précoce et fréquente de substances à l’adolescence peut augmenter la probabilité d’ennuis de santé mentale ainsi qu’une consommation problématique de substances à l’âge adulte.    

Si des troubles de consommation de substances sont présents dans la famille, il peut y avoir un effet à la fois psychosocial et biologique sur le cerveau lorsqu’un adolescent commence à consommer des substances. Cela signifie qu’il peut être plus susceptible de développer un trouble de la consommation de substances s’il commence à consommer à un plus jeune âge.     

En ce qui concerne la santé mentale, si votre adolescent souffre de dépression, d’anxiété, de trouble bipolaire ou autre, la consommation de substances peut avoir plus d’effets néfastes sur lui, ainsi que des interactions médicamenteuses potentielles. Enfin, il est important de noter si des troubles psychotiques, en particulier la schizophrénie, sont présents dans la famille, car une consommation précoce peut entraîner l’apparition du trouble. La consommation de cannabis, de cocaïne, de nicotine et la consommation importante d’alcool contribuent également au risque de développer de la schizophrénie.     

Il est temps d’en parler ?

Voilà d’excellents points de départ pour parler à votre adolescent de la consommation de substances psychoactives. Si vous souhaitez en savoir plus sur la réduction des risquerisques, consultez notre récent article « L’abstinence n’est pas la seule solution ». Il traite de la réduction des risques du point de vue d’une personne aux prises avec la consommation de substances, mais constitue une excellente ressource pour quiconque souhaite en apprendre davantage à ce sujet.     

Vous souhaitez explorer vos propres habitudes de consommation ou obtenir plus de soutien pour appuyer votre adolescent ou un proche qui pourrait être aux prises avec la consommation de substances? Accédez au programme TRAIL d’ALAVIDA.