Parler de consommation de substances à son enfant majeur : guide à l’usage des parents

Parler de consommation de substances à votre enfant majeur peut s’avérer une première étape importante pour l’aider à apporter un changement. Il est crucial de comprendre les défis qu’il pourrait rencontrer entourant la consommation de substances et de créer un espace sûr et ouvert pour permettre les conversations. Mais à quel moment en parler et comment adopter une approche d’empathie et de compréhension?

Comprendre ce qui influence la consommation de substances des enfants majeurs

Avez-vous remarqué quelque changement que ce soit dans le comportement de votre enfant majeur? Est-il facilement inquiet, émotif ou en colère? Le passage à l’âge adulte est une période de changements, de défis et de stress, ce qui peut influencer sa consommation de substances.

Bien que les parents ne causent pas la consommation de substances de leur enfant, des études ont démontré que les parents jouent un rôle significatif dans l’influence des décisions de leur enfant en ce qui a trait à la consommation de substances en servant de modèles de comportement. L’abus d’alcool par un ou deux parents peut presque doubler (de 37,5 % à 64,7 %) le risque que leur enfant consomme des substances à l’adolescence.

Au fur et à mesure que les adolescents deviennent de jeunes adultes, ils essaient encore de comprendre leur identité et de gagner en autonomie, ce qui peut amener la recherche de nouveaux défis et l’adoption de comportements à risque. Bon nombre d’adolescents pourraient vouloir expérimenter avec des substances psychoactives. Or, la plupart des jeunes ne reconnaissent pas les conséquences que l’alcool ou les drogues peuvent avoir sur leur santé et leur bien-être.

Bien que nous entendions beaucoup parler des opioïdes dans l’actualité, l’alcool reste la première substance avec laquelle les gens luttent et pour laquelle ils cherchent de l’aide. En effet, 77 % des gens consomment de l’alcool et 16 % d’entre eux luttent avec la consommation excessive. Par ailleurs, 73 % des gens qui consultent ALAViDA cherchent de l’aide en raison de leur consommation d’alcool.

Selon « Alcool : connaître ses limites : guide pratique d’évaluation de sa consommation d’alcool », l’alcool peut nuire au développement du corps et du cerveau. Il est préférable d’attendre le plus longtemps possible avant de commencer à boire pour permettre au cerveau de se développer complètement. Si une personne choisit de boire, le moins possible sera toujours le mieux. Les risques pour la santé et pour le bien-être augmentent plus vous buvez. Les risques pour la santé augmentent au-delà de deux verres par semaine.

De nombreux facteurs contribuent à la consommation de substances, tels que :

  • Le stress : La vie adulte apporte son lot de facteurs de stress, notamment le travail, les relations interpersonnelles et les responsabilités financières. Alors que les jeunes adultes composent avec les demandes de leur carrière et de leur vie personnelle, ils pourraient se tourner vers les substances comme stratégie d’adaptation afin de gérer leur stress.
  • La pression des pairs : La pression qu’exercent les amis ou les cercles sociaux peuvent influencer leurs choix en ce qui concerne la consommation de substances. Dans les contextes sociaux, les jeunes adultes pourraient se sentir appelés à consommer pour s’intégrer à un groupe ou éviter de se sentir mis à l’écart.
  • La santé mentale : Si votre enfant majeur fait face à des défis de santé mentale comme la dépression, l’anxiété ou le trouble bipolaire, la consommation de substances pourrait aggraver ces conditions. Les gens consomment parfois pour s’automédicamenter et alléger temporairement leur douleur émotionnelle.
  • Les antécédents familiaux : Si les troubles liés à la consommation de substances sont courants dans la famille, il pourrait y avoir un risque plus élevé que votre enfant majeur développe de tels problèmes. La prédisposition génétique, combinée aux facteurs environnementaux, peut contribuer à des tendances à la consommation de substances.

Réduction des méfaits et planification de la sécurité

Lorsque vous abordez la question de la consommation de substances avec votre enfant majeur, envisagez une approche de réduction des méfaits plutôt que de prôner l’abstinence absolue. Une approche de réduction des méfaits vise à munir les jeunes adultes des outils et des connaissances nécessaires à ce qu’ils se maintiennent en sécurité, ainsi que leurs amis, lorsqu’ils sont confrontés à des substances ou qu’ils les expérimentent.

Une approche d’abstinence stricte, comme certaines campagnes du passé, ont prouvé leur inefficacité et leur déconnexion de la réalité des jeunes adultes. Une approche de réduction des méfaits reconnaît plutôt que la consommation de substances peut se produire et se concentre sur le fait de fournir des stratégies pratiques pour minimiser les risques qui y sont associés.

Voici quelques conseils pratiques de réduction des méfaits pour votre enfant adulte :

  • Planifiez la quantité de substance que vous allez consommer et respectez ce plan.
  • Consommez des boissons à faible teneur en alcool.
  • Mangez et hydratez-vous pendant que vous buvez.
  • Faites des pauses dans votre consommation de substances (janvier sec ou octobre sobre, par exemple).
  • Suivez votre consommation de substances pour mieux connaître vos habitudes.
  • Travaillez avec un coach ou un thérapeute pour vous aider à comprendre pourquoi vous consommez des substances.
  • Planifiez des activités qui n’incluent pas la consommation de substances.
  • Ne consommez des substances que pour augmenter vos expériences agréables et non pour atténuer des émotions douloureuses.

Planification de la sécurité : aidez votre enfant majeur à élaborer un plan de sécurité pour minimiser les risques associés à la consommation de substances.

  • Système de jumelage : Encouragez le recours à un système de jumelage pour éviter que quelqu’un se retrouve seul ou en présence d’inconnus quand il est sous l’influence d’une substance. Avoir un ami de confiance à ses côtés permet d’avoir du soutien et de l’assistance au besoin.
  • Retour à la maison sécuritaire : Assurez-vous qu’il a toujours un moyen sécuritaire de rentrer à la maison et qu’il évite d’accepter les offres de transport de la part d’amis qui sont sous l’influence d’une substance. Planifier le transport avant la consommation permet de prévenir des situations potentiellement dangereuses.
  • Téléphone chargé : Veillez à ce qu’il ait un téléphone complètement chargé pour pouvoir demander de l’aide en cas de besoin. Pouvoir contacter quelqu’un pour de l’aide est essentiel en cas d’urgence.
  • Sécurité sexuelle : Encouragez-le à se munir de moyens de contraception et de connaissances sur le consentement selon l’état mental. Se renseigner sur les pratiques sexuelles sécuritaires est crucial pour son bien-être.
  • Éviter de partager des verres : Conseillez d’éviter d’accepter des verres de la part d’inconnus ou de boire des verres auxquels il n’a pas porté attention afin de prévenir l’éventualité de boire une boisson altérée. Faire preuve de prudence quant à ce qu’il consomme peut le protéger des substances dangereuses.

Les nouveaux Repères canadiens sur l’alcool et la santé

Il importe que vous teniez une conversation avec votre enfant majeur et que vous consultiez les renseignements nécessaires à ce qu’il prenne des décisions éclairées s’il décide de boire de l’alcool. Les nouveaux Repères canadiens sur l’alcool et la santé indiquent que boire moins, c’est mieux, et que les risques pour la santé augmentent suivant la consommation. Selon ces directives, boire ne serait-ce qu’une petite quantité d’alcool serait associé à un risque accru de se blesser ou de blesser les autres.

L’hyperalcoolisation rapide, aussi appelée « excès occasionnels d’alcool », s’entend d’une consommation de cinq verres ou plus en une seule occasion. Plus de 35 % des jeunes adultes s’adonnent à des excès occasionnels d’alcool, et la majorité d’entre eux ignorent les risques directs et les risques pour la santé (tel que le risque de cancer) que pose la consommation d’alcool. L’hyperalcoolisation rapide peut mener à un affaiblissement des facultés selon la Loi, et peut devenir un facteur de risque pour des conséquences plus sévères telles que la mort.

Voici certains des risques des excès occasionnels d’alcool :

  • Blessures accidentelles
  • Violence
  • Maladie cardiaque
  • Hypertension artérielle
  • Inflammation gastro-intestinale
  • Trouble lié à la consommation de substances

Les excès occasionnels d’alcool peuvent également entraîner des conséquences sur d’autres personnes que celle qui boit, comme en cas d’accident de voiture, ou d’actes de violence sous l’influence de l’alcool.

À quel moment parler de consommation de substances à son enfant majeur

Il est préférable d’en parler à votre enfant majeur plutôt que d’éviter le sujet. Cependant, gardez ceci en tête : les jeunes adultes se font constamment donner la leçon lorsqu’ils sont à l’université ou au collège. Ils assistent à des cours magistraux pendant des heures. Lorsque vous leur parlez de consommation de substances, ils pourraient tomber dans la lune s’ils ont l’impression d’assister à un cours. Préparez ce dont vous parlerez, posez des questions ouvertes et soyez concis dans vos paroles pour que votre communication sur les risques de la consommation de substances soit efficace.

Saviez-vous que le cerveau humain n’atteint la maturité que vers l’âge de 25 ans1? Avant cela, le cerveau des jeunes adultes demeure structurellement et fonctionnellement vulnérable aux pratiques sexuelles impulsives, aux troubles alimentaires, à la consommation de substances, et plus encore. Comprendre que l’impulsivité est une variable biologique chez les jeunes et ne témoigne pas de leur éducation peut changer votre perspective et vous aider à soutenir votre enfant majeur. Si vous voyez qu’il a choisi de boire, comprendre pourquoi il a pris cette décision, plutôt que d’être contrarié, pourrait l’aider à se sentir soutenu.

Vous pouvez les guider vers des comportements qui minimisent les risques en ouvrant le dialogue. Faites preuve d’empathie et de compréhension, et évitez le jugement ou la critique sévères. Concentrez-vous plutôt à cultiver un environnement qui favorise la confiance et la communication, où votre enfant se sentira à l’aise de vous faire part de ses réflexions et de ce qu’il vit.

Efforcez-vous de voir la consommation de substances selon son point de vue et demandez-lui pourquoi il consomme. Lorsque vous vous sentirez prêt à amorcer la conversation, choisissez un contexte calme, comme durant un repas agréable, une promenade ou une randonnée. Un endroit plus anodin vous permettra d’amener le sujet sans que le tout semble trop formel. Avant de commencer à en parler, n’oubliez pas de le complimenter sur quoi que ce soit qu’il fait bien pour que la conversation ne porte pas uniquement sur l’alcool ou les drogues, mais que vous l’approchiez avec amour et bienveillance.

Est-il temps d’avoir cette conversation?

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les façons d’employer la communication positive ou consulter des ressources sur les façons de tenir des conversations avec votre enfant majeur, accédez aux parcours pour les proches du SENTiER d’ALAViDA.


Sources (certaines en anglais seulement) :

https://ccsa.ca/sites/default/files/2023-08/CCSA-Knowing-Your-Limits-with-Alcohol-Guide-2023-fr.pdf / https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2023-01/CCSA_Canada_Guidance_on_Alcohol_and_Health_Final_Report_fr_0.pdf / https://www.cdc.gov/alcohol/fact-sheets/binge-drinking.htm / https://winnipeg.ctvnews.ca/video?clipId=1474824&binId=1.1206882&playlistPageNum=1 / https://www.niaaa.nih.gov/publications/brochures-and-fact-sheets/underage-drinking / https://ccsa.ca/sites/default/files/2019-09/CCSA-Canadian-Drug-Summary-Alcohol-2019-fr.pdf / https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1310009611&request_locale=fr

1 Maturation of the adolescent brain – PMC (nih.gov)