Le lien entre les traumatismes et la consommation de substances

Man surrounded by trees bends down to say hi to his dog at dusk with golden light coming from behind them.

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Les traumatismes, en particulier ceux de la petite enfance, entraînent-ils des problèmes de consommation de substances? Pas toujours. Augmentent-ils la probabilité qu’une personne développe des problèmes de consommation de substances? Absolument.

Les scientifiques étudient le lien entre la consommation de substances et les expériences traumatisantes depuis des décennies. Ce lien est devenu mieux connu avec la popularité de livres sur le sujet tels que Les dépendances, ces fantômes insatiables de Gabor Maté et Le corps n’oublie rien de Bessel van der Kolk.

Comprendre comment les expériences traumatisantes peuvent amener les gens à développer des façons malsaines de gérer le stress peut vous aider à comprendre pourquoi certaines personnes se tournent vers les substances pour se soulager.

Le Centre de toxicomanie et de santé mentale, l’un des principaux hôpitaux de recherche en santé mentale et en toxicomanie au Canada, définit le traumatisme comme « une réaction émotive persistante qui fait souvent suite à un événement extrêmement éprouvant de la vie ».

Il n’est pas rare que les gens développent un trouble de stress post-traumatique (TSPT) à la suite d’un événement traumatisant. En fait, des études suggèrent que jusqu’à 10 % de la population nord-américaine pourrait se trouver dans le spectre du TSPT. Selon le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, plus de 30 % des personnes qui ont recours à des soutiens et des services pour la consommation de substances établissent elles-mêmes un lien entre leur consommation de substances et un traumatisme.

Bien que les traumatismes et la consommation de substances soient intrinsèquement liés, il ne s’agit pas de la cause unique des problèmes de consommation. Il s’agit plutôt d’un facteur contributif (incluant d’autres facteurs comme la prédisposition génétique, les expériences de la petite enfance, les traits de personnalité, la maladie mentale, la consommation de substances dans la famille et chez les pairs, et la consommation précoce).

La consommation de substances comme mécanisme d’adaptation ou moyen d’automédication à la suite de traumatismes

Les traumatismes provoquent un large éventail de symptômes qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur tous les domaines de la vie, y compris sur la capacité à réguler les émotions. Ils peuvent empêcher les gens de faire confiance aux autres et les amener à se retirer de situations sociales ou de relations. Les traumatismes peuvent également se manifester par des symptômes physiques, notamment un malaise physique, de la fatigue, des retours en arrière sensoriels et des cauchemars.

Chacun de ces signes ou symptômes peut inciter une personne à se tourner vers la consommation de substances comme mécanisme d’adaptation. Il est donc facile de voir comment un survivant de traumatisme présentant une série de ces symptômes pourrait avoir recours à l’alcool ou aux drogues comme méthode d’automédication. Dans Le corps n’oublie rien, Bessel van der Kolk explique que les drogues et l’alcool peuvent fournir l’antidote parfait, bien que temporaire, à pratiquement tous les symptômes de traumatismes.

Les traumatismes risquent de dérégler les réactions au stress

« Longtemps après la fin d’une expérience traumatisante, le moindre signe de danger peut réactiver [la zone cérébrale], mobiliser des circuits cérébraux perturbés et provoquer une sécrétion importante d’hormones de stress. Cela engendre des émotions pénibles, d’où des sensations très vives et des impulsions agressives. »

― Bessel van der Kolk, Le corps n’oublie rien.

On parle souvent de la réaction au stress par rapport à ce que les psychologues appellent la « fenêtre de tolérance ». La fenêtre de tolérance s’entend de la zone dans laquelle une personne peut gérer efficacement ses émotions et sa réaction au stress. Une personne ayant subi un traumatisme aura souvent une fenêtre de tolérance très étroite, le stress la catapultant dans l’« hyperexcitation » (c’est-à-dire la réaction de lutte ou de fuite) ou l’envoyant dans l’« hyporéaction » (c’est-à-dire l’inhibition), capable d’entraîner une réaction de dissociation et de dépersonnalisation.

L’hyperexcitation

L’hyperexcitation est l’un des symptômes courants des traumatismes, en particulier chez les personnes souffrant de TSPT. Souvent appelée « mode de lutte ou de fuite », la réaction de stress typique des gens confrontés à un danger perçu se traduit généralement par une augmentation du rythme cardiaque, une respiration rapide et la libération d’hormones de stress comme l’adrénaline et le cortisol. Une telle réaction au stress se dissipe généralement et revient à la normale une fois le danger ou la menace passés.

Lorsqu’une personne a subi un traumatisme, et surtout en cas de traumatisme prolongé (mauvais traitements continus, guerre ou conditions de vie dangereuses), elle peut subir une dissipation totale de la réponse au stress et un état chronique d’hyperexcitation, d’anxiété, de vigilance ou d’hypervigilance. Les personnes ayant subi un traumatisme en viennent souvent à penser que la seule solution pour échapper à cet état désagréable est de consommer des substances, en particulier de l’alcool, des benzodiazépines, des opioïdes et du cannabis.

L’hypovigilance menant à la dissociation et à la dépersonnalisation

En revanche, un traumatisme peut amener les gens à avoir une réponse au stress sous-réactive et sous-stimulée, à l’opposé de l’hyperstimulation. En réponse au stress et à une menace ou un danger réel ou perçu, ils pourraient dissocier (sentiment de « fuite mentale » ou de « déconnexion ») ou se dépersonnaliser (sentiment que les choses autour de soi ne sont pas réelles), ce qui les laisse sans émotion, indifférentes et désengagées.

Lorsqu’une personne traverse un événement traumatisant bref ou prolongé, la dissociation ou la dépersonnalisation des circonstances peut être une stratégie de survie et d’adaptation utile et efficace, lui permettant de se sentir physiquement et émotionnellement engourdie et détachée en cas de besoin. Mais, pour quelqu’un qui a vécu un traumatisme, un déclencheur peut provoquer une dépersonnalisation ou une dissociation longtemps après l’activation de la réponse au stress. Dans ce cas, une personne peut se tourner vers des stimulants comme la cocaïne, les amphétamines ou la nicotine, pour sortir temporairement d’un état d’engourdissement et entrer dans un état de sensation, de vigilance et d’éveil qu’elle n’est plus capable d’atteindre par elle-même.

Dans chacun de ces scénarios, le traumatisme altère la capacité du corps à gérer le stress, ce qui augmente la probabilité qu’une personne se tourne vers la consommation de substances pour se calmer lorsqu’elle souffre d’hyperexcitation ou pour échapper à un état d’engourdissement lorsqu’elle souffre de dissociation et de dépersonnalisation.

Les traumatismes et la consommation de substances en tant que cycle autoperpétué

Le lien entre un traumatisme et la consommation de substances peut créer un cercle vicieux. Lorsqu’une personne consomme des substances pour gérer les effets d’un traumatisme, elle peut souvent s’exposer à d’autres expériences traumatisantes, ce qui, en fin de compte, peut entraîner une plus grande consommation de substances. Par exemple, lorsqu’une personne est sous l’influence de substances, elle est plus susceptible de se mettre dans des situations dangereuses, comme conduire en état d’ébriété ou ne pas reconnaître ses propres limites, ce qui peut entraîner un autre traumatisme, puis une consommation accrue de substances.

Il peut être difficile de briser ce cycle. De nombreux programmes de traitement de la toxicomanie typiques peuvent faire l’erreur de ne traiter que les symptômes (consommation de substances) au lieu de s’attaquer à la cause profonde des symptômes, comme les traumatismes.

Comprendre le lien entre les traumatismes et la consommation de substances peut vous aider à mieux comprendre vos propres habitudes de consommation ou celles d’un proche et vous aider à décider du type de soutien dont vous avez besoin ou que vous souhaitez obtenir. Il est toujours recommandé de demander à un psychologue si sa méthode tient compte des traumatismes, car cela peut être crucial pour la réussite.

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